UNE PROTECTION "AMNIOTIQUE"

Ma vision de la sécurité par Alexandre Boisson

L'amniotique c'est le liquide qui protège le bébé tant qu'il en a besoin. Je suis quelqu'un qui donne la possibilité aux autres d'être protégés dans leur croissance, comme le fait le liquide amniotique. A Existence B, je veux que tous les participants se sentent en sécurité pour pouvoir s'exprimer, se développer.

Protéger, c'est ce que je sais faire de mieux. C'est mon prénom, Alexandre "celui qui écarte du danger" en grec. 

Vouloir bâtir une nouvelle société en partant du principe que tout le monde sera tout beau et tout gentil est une folie. La sécurité ne doit pas être l'unique prisme d'un tel projet mais il ne peut pas non plus en être le grand absent.

Je vous propose de vous détailler ici ce que je mets exactement derrière ce mot de "sécurité" et en quoi elle est fondamentale pour assurer la pérennité de ce type de projet.

Et puis, très concrètement qui elle permet de protéger, de quoi ou de qui. Et surtout, comment on fait ?

Enfin, je vous partagerai pourquoi il me semble indispensable de représenter - dès le début de l'expérimentation - toute la diversité de la société française, et ce, toujours dans une vision de protection.

C'est parti :-)


La sécurité est un socle

La sécurité, quelle sécurité ?

Construire un monde souhaitable doit se faire avec une vision lucide de ce qu'est notre monde, des personnes qui le composent, des risques potentiels.

Ma vision de la sécurité c'est considérer que les risques et les menaces existent. Oui, se trouver dans une situation complexe en terme de sécurité, cela peut arriver. Et oui, nous devons pouvoir y répondre.

Concrètement, je pense à un incendie, une personne qui ferait une crise cardiaque mais aussi se retrouver face à des comportements qui voudraient nuire à la tranquillité des personnes sur place voire à leur intégrité physique.

Assurer la pérennité d'un projet

Le plus beau projet est condamné à disparaître s'il ne prend pas en compte ces différents risques. La sécurité est le socle de toute société et il serait dommage de l'opposer à la notion d'humanisme. Au contraire, elle en est le garant !

Faire l'autruche n'a jamais sauvé personne

Si on considère la possibilité de devoir faire face à un contexte d'effondrement, la notion de sécurité fait encore plus sens. Là aussi, il s'agit d'être lucide face aux dysfonctionnements (sécurité publique par exemple) qu'un contexte aussi dégradé peut entraîner. Ne pas inclure la sécurité dans un projet comme Existence B est non seulement contradictoire, mais également dangereux pour les participant·es.

On ne peut pas sortir d'un déni pour se réfugier dans un autre : on ne peut pas arrêter de croire que "tout va continuer comme avant" et adhérer aux thèses de l'effondrement, tout en pensant qu'avec des systèmes sociétaux disloqués la sécurité publique sera garantie à 100 %.

En revanche, considérer que ça peut arriver, n'implique pas de tomber dans le survivalisme, c'est même tout l'inverse.

Alors on fait quoi ? Les cercles de protection

Le projet d'Existence B est de penser sécurité à tous les niveaux : pour les visualiser, on peut parler de différents cercles de protection.

La sécurité en soi-même

Sur un plan individuel, ça commence par mieux se connaître, comprendre ses modes de fonctionnement. C'est LA condition pour interagir en toute sécurité, en étant dans des relations pacifiées avec les autres.

Sur du plus long terme, le projet d'Existence B est de permettre à chacune et chacun de construire un bien-être à préserver. Bien des agents de service d'élites ayant eu à intervenir sur des situations dangereuses vous le confirmeront : beaucoup de forcenés retranchés menaçant des vies annoncent ne plus rien avoir à perdre. Je l'affirme : il est plus sécurisant d'avoir une société constituée d'êtres humains ayant un bien-être à préserver.

La sécurité au sein du collectif Existence B

Sur un plan collectif, une meilleure connaissance de soi ainsi que des règles de vie communes (strictement appliquées) permettent tous les CO imaginables : co habiter - co créer - connaître - communiquer - co construire ...

Une fois la dynamique de groupe initiée, l'attachement au groupe et le sentiment d'appartenance sont autant de manières de créer un système protecteur.

Ces deux premiers niveaux s'entrecroisent pour faire société. Car cela passe à la fois par l'individu et par le collectif. Et Existence B va donner les moyens aux personnes de faire société.

La sécurité vis à vis de l'extérieur

Existence B n'est pas un projet de communauté repliée sur elle-même. Au contraire c'est une société ouverte vers l'extérieur.

Avec les villages alentours, l'objectif est de nouer des liens, de leur ouvrir les portes du lieu pour qu'ils viennent y manger dans les restaurants, y faire la fête. Créer des liens sociaux, c'est aussi faire de la sécurité. Sur Existence B, la coordination économique sera permise avec les producteurs locaux des alentours. Sera-t-il possible de venir installer son marché sur existence B ? Oui. Est-ce que les personnes de l'extérieur (ne vivant pas à résidence sur Existence-B) pourront faire leur marché sur place ? Oui.

Vis à vis du "monde extérieur" plus généralement, le projet est open source. Nous allons communiquer en toute transparence, sur tous les outils testés et approuvés pour que chacune et chacun puissent se les approprier et construire son propre projet d'Existence B. En terme de sécurité, on appelle ça faire du déminage psychologique en avance de phase.

L'autonomie alimentaire et énergétique

La résilience alimentaire, c'est-à-dire la capacité à traverser une crise alimentaire, a été mon sujet de prédilection avec SOS Maires.

L'autonomie alimentaire, dans un contexte d'effondrement est une manière de nous protéger pour passer les crises.

Là aussi, le projet s'ouvre vers l'extérieur puisque nous allons sur-produire pour pouvoir penser à ceux qui viendraient frapper à la porte d'Existence B. Ces vivres seront mis à disposition dans des frigo solidaires, afin d'anticiper les besoins alimentaires de ceux qui manqueraient de nourriture.

De la même manière, sécuriser l'énergie permet de garantir la continuité de la société en s'assurant que les systèmes fonctionnent.

Anticiper, former, agir

On s'y prend toujours de la même manière, quelque soit le sujet. Il s'agit d'anticiper, prévoir les risques. Puis de se former avec des experts de terrain aguerris à chacun de ces sujets et enfin d'agir par la mise en place de plan d'action et d'entraînement.

Quelques exemples de formations :

  • Secourisme

  • Intelligence émotionnelle

  • Prévention contre les dérives sectaires

  • Désamorcer une situation de crise

  • Techniques de médiation ou de négociation

  • Mise aux normes du lieu (camion de pompier, alarmes, zone d'atterrissage pour un hélicoptère)

  • ... mais aussi, se coordonner collectivement à fuir le lieu et en dernier recours, à se défendre en cas d'intrusion ou d'attaque

Tout cela est intégré dans Existence B.

Et l'idée n'est pas de virer parano : on parle des sujets désagréables une fois et puis on s'entraîne régulièrement pour savoir réagir. Ensuite on peut vivre sereinement, se sachant parés à toute éventualité.

Une société représentative pour être 'déployable' à grande échelle

A l'image de la diversité sociologique du pays

Les participants au projet seront sélectionnés pour être sociologiquement représentatifs de la société française. Dans cette expérimentation de société, l'entre-soi est banni. En revanche, chaque personne sera choisie au regard de son envie de faire société.

Cette diversité est la seule garantie de rendre réaliste le déploiement de ce prototype de société à plus grande échelle.

Et surtout...donner envie

L'inspiration est une sécurité car elle permet au modèle d'être adopté. Et pour cela, il est indispensable de rendre le modèle enviable, "sexy", beau, novateur. Il faut que l'expérimentation parle aux personnes, à tous.

Le passage à l'échelle de ce prototype de société à un niveau national (rêvons un peu et permettons le !) c'est - et j'en finis sur cette idée - une manière de faire de la sécurité en avance de phase. Car nous aurions alors une société résiliente, capable de réellement vivre ensemble, de faire face aux adversités (climatique, de pic pétrolier, autres menaces systémiques), vivant en symbiose avec la nature et capable de profiter des petits bonheurs quotidien.